EN TERRITOIRE ENNEMI : L’HISTOIRE DES DOUZE D’IRON

 

PART 2 : LES ONZE À IRON

The Soldiers Arrive in Iron

Le premier contact eut lieu le 15 octobre 1914, lorsque Vincent Chalandre rencontra neuf soldats britanniques dans les champs près d’Iron, un petit village de 500 âmes à environ 5 kilomètres au sud d’Etreux. Les soldats, toujours en possession de leurs fusils, essayaient de glaner quelques carottes et autres tubercules crus. Ils demandèrent à Chalandre de leur donner du pain. Chalandre, tisseur de soie à la retraite, habitait Iron mais travaillait à l’occasion comme manouvrier pour Monsieur and Madame Logez, petits exploitants qui possédaient un moulin à Iron. Touché par la détresse des neuf soldats, réduits à chercher des légumes dans les champs, Chalandre se résolut à les aider. Monsieur Logez avait eu un accident vasculaire cérébral qui l’avait apparemment rendu mentalement incapable. Dans ces circonstances, Madame Léonie Logez avait repris la gestion de l’affaire familiale. Pour lui prêter main forte, elle avait, outre son mari, un fils (Oscar, 16 ans) et une fille (Jeanne, 15 ans). 

Quand la femme vient au secours de l’homme… Walton, qui rencontra Madame Logez à plusieurs reprises dans le cadre de ses recherches pour l’article qu’il rédigeait, fut :

Grandement frappé par son énergie débordante, même après les procès cruels qu’elle dut subir suite à l’aide dévouée qu’elle offrit aux soldats britanniques. Ce fut une expérience exceptionnelle que d’écouter cette merveilleuse dame française raconter sur un ton des plus détachés comment elle réagit à la demande de M. Chalandre : « Aurais-je pu faire autrement qu’aider ces pauvres gars perdus et affamés ? », s’interrogea-t-elle. « Ce n’était que mon devoir. » (…) Elle se fixa pour mission de sauver les « pauvres enfants », comme elle les appelait tout le temps, et fit preuve d’une rare abnégation.

Les onze Anglais la décrit comme « une femme énergique et bonne patriote ». Sa première réaction fut d’installer un refuge pour les neuf soldats dans une grande cabane lui appartenant, située dans un des champs dont elle était propriétaire. Cette décision était courageuse car des Allemands étaient cantonnés dans le village. Malgré les risques encourus, elle organisa des ravitaillements pour les neuf soldats, utilisant sa couverture de petite exploitante et éleveuse de vaches. Elle leur apportait de la soupe et du pain dissimulés dans un seau à lait alors qu’ils étaient cachés dans la cabane. Elle n’éveilla aucun soupçon auprès des Allemands présents qu’elle rencontrait souvent au détour de ses trajets de ravitaillement dans les champs. Cet arrangement dura cinq jours. Le 20 octobre, le temps se détériora et Madame Logez décida que les neuf soldats devaient manger un repas chaud le soir et dormir dans son moulin, situé au nord, un peu en dehors du village. Les soldats retourneraient à la cabane dans les champs au petit matin pour y passer la journée, puis rentreraient au moulin à la tombée de la nuit. Ce système fonctionna jusqu’au 1er novembre, lorsqu’il fut décidé qu’il fallait répartir les soldats sur deux endroits différents pour la nuit. Cinq d’entre eux devraient dormir au moulin, tandis que quatre iraient passer la nuit dans la maison de Chalandre, au beau milieu du village.

Qu’ils soient dans la cabane ou dans le moulin, Madame Logez continua d’assumer la charge de les nourrir. Le fait qu’elle soit exploitante lui permettait de se déplacer en transportant de la viande et des céréales. Son moulin lui fournissait de la farine qu’elle utilisait pour faire du pain pour les soldats. Elle mit en place un réseau composé de plusieurs femmes, avec des lieux de rendez-vous et de ramassage pour rassembler l’énorme quantité de vivres nécessaires au ravitaillement quotidien de neuf soldats. Elle fut aidée dans cette tâche par la « brave épouse » de Vincent Chalandre, leur fille « héroïque », Germaine, 20 ans, et une certaine Madame Vigèle, qui leur procura vêtements, lait et nourriture. Une Madame Jules Dufour lui prêta main forte également en transportant des vivres et d’autres fournitures provenant de la maison d’une femme décédée durant l’invasion. Madame Logez, Madame Chalandre and Germaine restaient chargées de l’approvisionnement des soldats dans leur cabane. Madame Chalandre avait quatre autres enfants, en plus de Germaine : Marthe, 14 ans ; Marcel, 10 ans ; Léon, 7 ans ; et Clovis, 16 ans. Ce fut Clovis qui, le 6 ou 7 décembre, découvrit deux autres soldats britanniques cachés dans les bois. Madame Logez accepta de les héberger avec alacrité, se contentant de dire : « Si je peux en loger neuf, je peux en loger onze. » 

Le 15 décembre fut témoin du premier signe de la tragédie qui les attendait, lorsque quarante Allemands de la police militaire débarquèrent au moulin sur leurs motos. Madame Logez, faisant preuve d’un courage et d’un aplomb incroyables, les retarda juste le temps qu’il fallait pour que sa fille Jeanne aille prévenir les soldats endormis dans le grenier et qu’ils s’échappent par l’arrière. Ils parvinrent à s’échapper du moulin, traversèrent la rivière et se cachèrent dans un bosquet sur l’autre rive. Les Allemand encerclèrent le moulin, puis y entrèrent. Ils procédèrent à une fouille en règle et ne trouvèrent rien si ce n’est de la farine et quelques provisions – pas la moindre preuve de la présence des soldats britanniques. Walton explique qu’ils utilisaient cet itinéraire de fuite « souvent lorsqu’ils risquaient d’être découverts », ce qui laisse penser que ce ne fut pas l’unique occasion où les soldats l’échappèrent belle. Dans une petite communauté aux liens très étroits, où les gens étaient tous parents plus ou moins proches et où la plupart en savaient beaucoup sur les affaires des autres, ils devaient être nombreux à être au courant de la présence des soldats dans le village.  Il est possible que la descente du 15 décembre ait eu lieu suite à des renseignements fournis aux Allemands. D’un autre côté, Madame Logez semblait penser qu’il s’agissait d’une perquisition visant la confiscation de nourriture et de fournitures, un genre d’expédition que les Allemands faisaient régulièrement au sein des villages français qu’ils occupaient. Suite à cet angoissant épisode, on estima qu’il valait mieux que les onze soldats se cachent chez Chalandre, tandis que Léonie Logez se chargerait encore de les ravitailler.

La trahison

Dans le village vivait une femme du nom de Blanche Maréchal. Elle était mariée mais de mœurs plutôt légères. Elle comptait parmi ses amants des soldats allemands – comme Les onze Anglais l’énonce, « les boches se sont également vautrés sur cette ordure ». Clovis Chalandre, le fils de 16 ans de Vincent Chalandre, en faisait également partie. Lors de certaines conversations sur l’oreiller, Clovis lui parla des soldats britanniques. Blanche en fit part à son mari, qui fit sa propre petite enquête et lança la rumeur. D’une manière ou d’une autre, elle parvint aux oreilles de Bachelet, un autre amant de Blanche, vétéran de la Guerre franco-allemande de 1870-71 âgé de 66 ans.

Clovis, qui semble amplement justifier la description que Les onze Anglais fait de lui, à savoir celle d’un ‘gamin vicieux’, était jaloux de Bachelet. La nuit du 21 février, Clovis se rendit à la brasserie de M. Maton, où Bachelet logeait, et lança des pierres en direction de sa fenêtre. Clovis fut choqué par la réaction de Bachelet qui vociféra : « Tu me le paieras ! Demain j’irai te dénoncer, toi et tes Anglais, vous serez fusillés ! » Clovis rentra chez lui et ne dit rien à personne. Malheureusement, Bachelet était un homme de parole.

Le 22 février, Bachelet, « mu par la vengeance et par une folie sénile », se rendit au quartier général de l’Armée allemande à Guise. Là, il fut reçu par le Lieutenant-colonel Waechter, commandant en chef de la  zone arrière, et Kolera, son adjudant. Bachelet dénonça les soldats britanniques et les personnes qui les hébergeaient. Ce même matin, Madame Logez, qui ne soupçonnait rien, se rendit au QG de Guise. Il s’agissait d’une visite dont elle devait s’acquitter régulièrement pour renouveler son laissez-passer de négociante qui lui permettait de se déplacer librement. Ce document lui était habituellement octroyé sans qu’on ne lui pose de questions, mais cette fois elle fut accueillie très froidement et informée qu’elle devrait rester sur place jusqu’au soir. Le QG militaire était anormalement agité. Alors qu’elle attendait, par une porte ouverte, elle aperçut Waechter et Bachelet dans la pièce voisine. Bachelet blêmit lorsqu’il la vit et indiqua qu’il ne souhaitait pas en dire davantage devant elle.

L’arrestation

Waechter commença ses préparatifs en vue de l’arrestation des soldats britanniques. Des troupes d’Allemands passèrent la journée à faire l’aller-retour entre Guise à Iron. L’après-midi, Waechter et Bachelet prirent place dans un petit convoi de deux voitures et d’un camion, Place des Armes à Guise, et se mirent en route pour la maison de Chalandre à Iron. 

L’une des demoiselles Logez, probablement Jeanne, fut témoin de l’arrivée des troupes allemandes. Des années plus tard, elle raconta à Walton :

Quand nous avons vu la route tout à coup pleine de Boches, nous avons compris que la catastrophe était arrivée. J’ai essayé, comme je l’avais fait la première fois, d’aller prévenir les soldats… mais en vain, car les Allemands savaient où ils pourraient les trouver.

En arrivant à la maison de Chalandre, Bachelet et Waechter sortirent de la voiture. Sans hésiter, Bachelet ouvrit la porte. Il vit Chalandre dans la cour et lui dit : « Tu sais, je t’ai vendu toi et tes Anglais ! (…) Ça t’apprendra à nourrir des déserteurs ! »

Les onze soldats se trouvaient dans le grenier de Chalandre, occupés à se laver et à repriser leurs vêtements et leurs chaussures. Ils avaient des pistolets et plus ou moins un millier de balles au total. Ils auraient pu se battre, mais ils se rendirent calmement, peut-être parce qu’ils pensaient que toute résistance de leur part ne conduirait qu’à des représailles contre les villageois. Les Allemands les ligotèrent dans le dos, et les attachèrent par deux, Chalandre connaissant le même sort. Jetés dans les camions garés dehors, ils furent battus à coups de poing et de pied. D’après Les onze Anglais, au moins un fut lacéré à la cuisse à l’aide d’un sabre. Avant de partir, les Allemands incendièrent la maison des Chalandre et toutes leurs possessions. Les villageois furent forcés d’assister à ce triste spectacle.

Les soldats furent ensuite emmenés au QG des Allemands situé dans l’hôtel de ville de Guise, qui se trouvait, et se trouve toujours aujourd’hui, rue Chantraine. Madame Logez avait proposé de se mettre d’accord sur une histoire au cas où une telle éventualité se produirait.  Selon le scénario, les soldats étaient arrivés à Iron une semaine auparavant. Jusque là, ils s’étaient débrouillés et vivaient à la dure, volant leur nourriture. Ils n’avaient jamais mis les pieds au moulin, ne connaissaient pas du tout la famille Logez. Seul Chalandre leur avait donné de la nourriture, mais uniquement contre de l’argent. 

Le lendemain, le 23 février, Madame Chalandre, sa fille Marthe et son fils Clovis furent arrêtés. Ils connaissaient le plan, mais Clovis ne parvint à s’y tenir et raconta aux Allemands tout ce qu’il savait, scellant le destin des soldats et des civils impliqués, sans distinction aucune. Madame Logez fut arrêtée le 23 février dans la soirée et emmenée à l’hôtel de ville de Guise. Là, elle fut battue et enfermée dans la cour ouverte durant deux nuits, à côté des soldats britanniques. Alors qu’elle était en détention, les Allemands retournèrent à Iron pour réduire son moulin en cendres, à nouveau devant l’ensemble des villageois. La volaille de la ferme fut abattue sur place par les Allemands, chargée dans deux camions et emportée.

À ce moment du récit, un voile tombe. Impossible de retrouver une trace écrite de ces événements chez les Allemands – s’il n’y en eut jamais une. Il est difficile de croire Les onze Anglais lorsqu’il avance que les douze prisonniers ne furent jamais jugés et privés d’une audience quelle qu’elle soit. En effet, Les onze Anglais se contredit à ce sujet plus tard en citant un article de journal selon lequel les soldats avaient été présentés devant un tribunal, quand bien même ce fût une parodie de la justice. Une autre source évoque le passage des soldats devant « un tribunal de guerre réuni à la hâte ». Il apparaît probable que les soldats et Chalandre aient été entendus par une sorte de cour. Sinon, pourquoi attendre deux jours ? Une exécution publique massive à Iron immédiatement après les arrestations, avec pour toile de fond une maison en flammes, aurait constitué une démonstration très impressionnante du pouvoir et de la détermination des Allemands.

Les pratiques des Allemands observées dans des cas similaires renforcent l’idée que les douze furent jugés de manière plus ou moins formelle. Par exemple, trois soldats britanniques furent arrêtés à Saint Quentin à la même époque. Il y a en outre le destin bien documenté des quatre soldats britanniques du Catelet. Ces sept soldats furent traduits devant un tribunal de guerre avant d’être condamnés, et il apparaît probable que les onze et Chalandre connurent le même sort. D’un autre côté, Waechter publia après l’exécution des soldats un long avis public dans lequel il ne fait aucune référence à un quelconque procès. Il se contente d’indiquer qu’il « les a fait tous fusiller ».

L’exécution

D’après un article de journal, les soldats furent sévèrement battus la nuit du 24 au 25 février, à tel point que leurs hurlements réveillèrent les résidents de la Rue Chantraine. Le matin du 25 février, les douze furent réveillés et « reçurent une atroce distribution de coups, cravaches, triques, instruments contondants, plats de sabre, marteaux de caoutchoucs, ce fut une orgie de froide cruauté rigidement commandée et joyeusement exécutée ». À moitié conscients, les douze furent jetés sur une charrette et emmenés au Château de Guise par la porte de secours, une porte à l’arrière du château construite spécialement pour permettre l’entrée de renforts en temps de crise.

De l’autre côté de la porte de secours, une fosse avait été creusée. Tout le monde comprit à quoi elle servirait. Il fut ordonné aux soldats de se tenir debout au bord de la fosse en deux rangs de six. Le plus jeune des soldats parla brièvement. Ses dernières paroles furent : « Prions – la tête haute. N’oubliez jamais : les Anglais ne furent jamais esclaves. Personne ne peut dire ça. »  Puis les soldats saluèrent. L’ordre de faire feu fut donné deux fois. Les coups retentirent et les Britanniques furent fauchés et tombèrent dans la fosse commune qui leur était réservée, où un soldat allemand leur porta le coup de grâce. Les corps furent ensuite recouverts de terre.

Du moins, c’est le récit donné dans Les onze Anglais et par Walton. Il n’est pas totalement vrai en ce sens qu’à l’exhumation, les mains des soldats étaient ligotées dans leur dos – ce qui rendait donc le salut final impossible. De la même manière, l’exhumation révéla que des douze comparses, seul Chalandre avait reçu le coup de grâce. Ces erreurs posent la question de savoir quels autres éléments du récit de l’exécution sont le fruit d’une imagination fertile plutôt que d’un compte-rendu détaché et objectif.

Le lieu de l’exécution au Château de Guise aujourd’hui

Qu’une audience ait été organisée pour les soldats britanniques et Chalandre ou non, les membres des familles Logez et Chalandre furent, quant à eux, traduits devant un tribunal de guerre. La vie de Madame Logez fut épargnée. Elle fut condamnée à cinq ans de prison ; Jeanne, sa fille, à un an ; Oscar, son fils, aux travaux forcés pour une période indéterminée. Madame Chalandre fut condamnée à 4 ans de travaux forcés ; les enfants Clovis et Germaine respectivement à trois et deux ans et demi de travaux forcés. Ils servirent leur peine dans des prisons allemandes. 

Explication de la réaction des Allemands

Qu’un procès ait eu lieu ou non, les exécutions de Guise étaient calculées, délibérées et accomplies de sang froid. Elles visèrent un nombre élevé de personnes, un nombre qui ne fut probablement jamais égalé pendant la Grande Guerre. Elles n’étaient peut-être pas illégales, mais elles constituaient une sentence très sévère, ce qui soulève la question de savoir pourquoi les Allemands réagirent de telle manière.

Les Allemands occupants avaient le droit de décider de la façon de procéder après avoir capturé des soldats alliés et les gens qui les avaient aidés. La peine de mort n’était en aucun cas automatique. La clémence était possible à tous les niveaux. Macintyre met en évidence plusieurs cas intéressants, y compris celui d’une éminente Française qui avait caché deux soldats britanniques alors qu’elle hébergeait plusieurs officiers allemands. Elle semble avoir été intime avec l’un des officiers. Au bout d’un certain temps, les deux soldats essayèrent de s’échapper. Ils furent capturés et la dénoncèrent alors aux Allemands. L’un des officiers dit à son hôtesse que « ses amis » avaient été arrêtés, mais elle ne fut pas inquiétée. 

Les soldats capturés n’étaient pas tous exécutés : les deux soldats impliqués dans l’anecdote précédente semblent avoir été épargnés. McPhail cite le cas de trois soldats qui avaient été trahis à Saint Quentin. Deux furent exécutés, mais le troisième fut envoyé dans un camp en Allemagne en tant que prisonnier de guerre. Une condamnation à mort ne menait pas forcément à une exécution. Le simple soldat David Cruickshank, du 1st Battalion of the Cameronians, fut hébergé par une famille au Cateau et y resta caché pendant deux ans. Il fut capturé et condamné à mort en octobre 1916. Sa protectrice, une certaine Madame Baudhin, fut jugée avec lui. Son fils, soldat de l’armée française, avait été tué à la guerre. Elle sauva la vie de Cruickshank grâce à un plaidoyer passionné lors duquel elle lança aux juges : « La cruauté du champ de bataille m’a déjà privée de l’un de mes fils… Dieu a envoyé ce jeune Britannique pour le remplacer.” Suite à ce discours, la condamnation à mort de Cruickshank fut muée en une peine d’emprisonnement de 20 ans.

On peut penser que Waechter lui-même fit preuve de clémence. Il aurait pu faire fusiller Léonie Logez, Madame Chalandre et d’autres membres de ces familles. Pourquoi les épargna-t-il alors qu’il fit exécuter les douze hommes ? La réponse nous échappe. Mais tout chef militaire doit, à un moment ou un autre, se montrer magnanime envers les occupés, ce qui explique peut-être sa clémence envers les familles Chalandre et Logez. Il voulait dompter les citoyens de l’Aisne en leur donnant une bonne leçon ; il ne voulait pas d’une rébellion. On ne sait pourquoi il choisit de les faire tous exécuter, mais il faut savoir qu’il s’agissait du groupe de soldats britanniques le plus nombreux jamais capturé dans une seule et même cachette – qui, de surcroit, se trouvait juste devant son nez. Sa fierté professionnelle en avait peut-être pris un sacré coup.