Ce 100e Anniversaire Commémore 2015
Ce 100e anniversaire commémore l’un des plus importants événements du front de l’ouest », entame Hedley Mallock, un passionné à l’origine de la stèle d’Iron et organisateur de la cérémonie d’hier. « Beaucoup de personnes impliquées étaient des femmes et des enfants, c’est un symbole fort de leur courage. »
Tout commence en août 1914 lorsque l’armée britannique entre en guerre contre l’Allemagne. L’Aisne est à feu et à sang. En Thiérache, les Tommies sont surpris par l’avancée allemande et subissent une défaite. Beaucoup sont faits prisonniers, d’autres tentent de fuir. Les 11 soldats honorés à Iron sont de ceux-là.
« Effroyable »
Le 15 octobre, alors que l’hiver menace, perdus dans les champs, ils sont aperçus aux abords du village en train de manger racines et légumes crus dans un champ. Un habitant, Vincent Chalandre, les prend en pitié, et avec la famille Logez (dont la grand-mère de l’actuel maire André Gruselle, alors âgée de 16 ans), il les abrite et les cache. Cet acte de fraternité sera dénoncé par un autre habitant. Vincent Chalandre et les 11 soldats seront fusillés au Fort de Guise le 25 février 1915. Leurs familles seront condamnées à de lourdes peines de travaux forcés dans des prisons outre-Rhin et leurs maisons brûlées.
« Notre famille a été anéantie, mon grand-père fusillé, soupire Denis Chalandre, petit fils du résistant. Ma grand-mère a passé 3 ans dans les camps et est morte peu après, c’est effroyable ce qu’ils ont fait. Le pire c’est qu’ils ont laissé 3 enfants de 7 à 12 ans seuls, sans maison ni parents, ils se sont nourris dans les auges à cochons. Tous les trois, affaiblis, sont morts peu de temps après la guerre. Il n’y a eu aucune reconnaissance pour eux après 1918, il est donc d’autant plus important aujourd’hui, grâce à M. Mallock, de leur rendre cet hommage. »
« Courage, bravoure et souffrances »
Un hommage que le gouvernement britannique avait rendu aux deux familles d’Iron dès 1920 en leur remettant cinq médailles. « Seules 700 ont été délivrées dans le monde, rappelle David Harrowsmith, petit-fils de l’un des soldats fusillés, ce qui fait d’Iron le village le plus brave de France ! Ces gens ont choisi de privilégier le geste humain, vos ancêtres ont choisi de porter secours à nos ancêtres et leur ont rendu la vie plus supportable. »
« C’est une histoire de courage, de bravoure et des terribles souffrances qu’a connues notre continent », résume le diplomate irlandais Owen Feeney qui, « désolé pour le temps un peu irlandais » a remis dans la salle des fêtes « des remerciements officiels » au nom de son gouvernement.
La présidente de l’association Canal Set, également présente à cette cérémonie, a salué « les membres des familles touchées, le respect de l’alliance britannique, et le courage des femmes résistantes qui avaient créé une filière d’évacuation, dont hélas tous les soldats n’ont pas pu bénéficier. Canal Set, qui bénéficie d’une double labellisation nationale, estime qu’un chemin de mémoire devrait passer par Iron, a-t-elle plaidé avant d’avertir : la paix est un état fragile, et la démocratie, le pouvoir du peuple exercé par le peuple, est une conquête permanente. »